L'entente d'équivalence biologique entre l’Union européenne (UE) et le Canada (EEBUEC) est entrée en vigueur en juin 2011. Cela a simplifié les échanges commerciaux entre nos marchés, permettant ainsi aux produits alimentaires et agricoles biologiques certifiés au Canada ou dans l'UE d'être considérés conformes aux exigences du pays importateur. De plus, la grande majorité des barrières tarifaires entre les deux juridictions ont été atténuées avec la ratification de l'Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l'Union européenne en septembre 2017.
Après six ans de l'AECG et plus de 12 ans d'accord d’équivalence biologique avec l'UE, à quoi ressemblent nos exportations de céréales et d'oléagineux dans cette région du monde? Quels sont certains des facteurs influençant les marchés biologiques de l'UE ?
L'état de nos exportations
Le volume global des exportations biologiques du Canada vers l'Union européenne a diminué de 30 % entre 2021 et 2022 (passant de 30 610 à 21 172 tonnes métriques). Nous avons constaté une diminution constante du volume des exportations de céréales et d'oléagineux vers l'UE depuis 2018, exportant désormais 60 % moins de volume par rapport à 2018. Le tableau 1 ci-dessous montre que toutes les principales catégories d’oléagineux et de céréales, à l'exception du soja et de l'alimentation animale, ont diminué par rapport au volume d'avant la pandémie (2018).
Blé : Le Canada est le 4e plus grand fournisseur de blé dans l'UE, derrière l'Ukraine, la Bosnie-Herzégovine et le Kazakhstan. Les exportations de blé canadien sont concentrées en Belgique et en Italie. En Belgique, 100 % du blé importé en 2022 était du blé dur, tandis qu’en Italie le blé dur était classé comme blé (incluant le blé, le meslin et le blé dur). Le volume total exporté vers l'UE l'année dernière représentait 27,5 % des exportations de blé du Canada.
Il est important de noter que les importations globales de blé dans l'UE ont fortement diminué au cours des cinq dernières années. En 2018, l'UE importait 6 fois moins de blé biologique qu'en 2022 (en volume). Ainsi, bien que les exportations de blé canadien aient diminué sur la même période, notre part de marché a plus que doublé de 2018 à 2022, passant de 7,42 % à 16,92 % des importations totales de blé en UE.
Tableau 2 - Volume de blé biologique canadien (y compris blé, méteil et blé dur) exporté vers l'UE (2021-2022) par pays
L'Ukraine a dominé les importations de blé vers l'UE en 2022 avec plus de 20 700 tonnes métriques), ce qui représentait 65 % des importations de blé de l'UE.
Lentilles et pois : En 2022, 12 % des exportations mondiales de lentilles et de pois biologiques du Canada sont allés vers l'UE, pour un total de 15,1 millions de dollars, une augmentation de 5 millions de dollars par rapport à 2021. Les quatre premiers marchés d'exportation en valeur en 2022 étaient l'Italie (26 %), l'Allemagne (21 %), la Belgique (16 %) et l'Espagne (14 %), représentant ensemble 78 % du marché global de l'UE.
En termes de volume en 2022, le Canada a importé 1 % du volume total de lentilles séchées et écalées dans l'UE, avec 2 286 tonnes métriques. Malgré ce faible chiffre, nous sommes considérés comme le 2e exportateur le plus important, loin derrière le premier, la Turquie, qui a mené la voie avec 17 046 tonnes métriques, représentant plus de 77 % des importations totales.
Soja: Le marché du soja dans l'UE est en expansion. Les importations ont presque doublé au cours des cinq dernières années, passant de 104 794 tonnes métriques en 2018 à 191 898 tonnes métriques en 2022. Le Togo et l'Ukraine étaient les principaux exportateurs de soja l'année dernière, représentant respectivement 62,5 % et 16 % du volume des importations en provenance de ces deux pays. Bien que le Canada soit le 10e plus grand exportateur de soja dans cette région, ce marché ne peut être qualifié d'important pour le Canada. En effet, en 2022, moins de 1 % de l'exportation de soja du Canada (en volume) est allé vers l'UE. Le Canada a exporté environ 0,4 % du soja importé au total dans l'UE.
Autres oléagineux:
Les exportations de chanvre étaient presque nulles, avec seulement 7 tonnes métriques exportées l'année dernière aux Pays-Bas. La Chine domine ce marché avec plus de 97 % des importations totales de l’UE en 2022 avec 1 114 tonnes métriques.
Le Canada a régulièrement exporté moins de 1 % de son lin bio vers l'UE au cours des cinq dernières années, et seulement 0,33 % de l'importation totale en 2022 (75 tonnes métriques ). Notez cependant que le Royaume-Uni, qui n'est plus dans l'Union européenne, est la principale destination des exportations de lin biologique du Canada.
Les exportations de graines de moutarde ont également diminué de 2018 à 2022, passant de 127 tonnes métriques à 18 tonnes métriques. Le Canada représentait 14% des exportations de graines de moutarde en 2018 et seulement 2 % en 2022.
Marché de l'UE
Le portrait de l’avenir du marché des céréales et des oléagineux biologiques est complexe. En 2021, le marché de l’UE était évalué à 58,6 milliards de dollars américains. Cependant, des perturbations commerciales et une inflation galopante, largement alimentée par la hausse des coûts de l'énergie et des prix alimentaires, ce qui a impacté les consommateurs de cette région. Nous avons constaté une légère baisse de la consommation d’aliments biologiques en 2022.
Malgré que l'UE est une région qui historiquement dépendait fortement des importations de céréales et d'oléagineux biologiques, on anticipe une diminution de ces importations, selon un spécialiste des exportations consulté pour cet article. L'UE a déployé des efforts considérables pour stimuler l'agriculture biologique certifiée grâce à sa stratégie "de la ferme à la fourchette", offrant des subventions et des programmes pour encourager les producteurs à passer en mode biologique et à maintenir leurs certifications. L'UE vise à étendre la superficie des terres certifiées biologiques, certains pays membres ciblent jusqu'à 25 % de leurs terres agricoles.
De plus, l'engagement de l'UE à devenir carboneutre fera probablement des pays voisins comme l'Ukraine le choix privilégié pour les importations à moyen et long terme, tandis que l'Amérique du Nord et d'autres pays tiers pourraient devenir moins attrayants. Cependant, au-delà des questions de carboneutralité, c’est le prix des grains qui est le principal facteur influençant les importations.
En résumé, nous pourrions observer une diminution des futures importations de céréales, de grains et d'oléagineux pouvant être produits à l'intérieur des frontières de l'UE, marquant un changement dans la dynamique de ces marchés au niveau mondial.
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